Rencontre autour de l’œuvre artistique de J-J. Deluz
Courts-métrages, tableaux, objets
Karim Boukhenfouf, architecte
Mourad Bouzar, historien de l’art
L’exposition « Deluz. L’œuvre d’une vie » est une occasion unique de découvrir une dimension méconnue du plus algérien des architectes suisses. Pour la seconde fois en Algérie, sont rassemblés les gouaches, les estampes et les films d’animation que Jean-Jacques Deluz (1930-2009) réalise à Alger entre 1957 et 2009, parallèlement à ses activités d’architecte et d’enseignant.
À travers plus d’une trentaine d’œuvres, l’exposition propose une plongée dans l’imaginaire d’un artiste demeuré volontairement dans l’ombre de l’architecte. Deux aspects essentiels semblent caractériser un œuvre plastique ambivalent : le premier, évident, correspond au courant surréaliste dans lequel la production artistique de l’architecte s’inscrit par la picturalité́ autant que par le processus. Le second, sous-jacent, secret même, mais clair pour qui sait voir, renvoie immanquablement à son parcours professionnel et de vie. Si le premier aspect est immanent et nous ramène aux premières influences lausannoises et parisiennes, le second est transcendant et nous transporte dans le moi profond de l’artiste, être sensible et torturé, confronté à la réalité́. Soulignant cette dualité, l’acte de création picturale chez Deluz semble détaché de la puissance objective et synthétique de l’architecture et viserait plutôt à encourager l’imagination dans un rapport tendu entre le rêve et la réalité. L’exposition invite ainsi à sillonner cet univers onirique à la recherche de passerelles s’étendant dans la réalité d’un parcours d’architecte en situation d’exil ; tout particulièrement pour celles et ceux qui l’ont connu ou qui l’ont lu.
Mourad Bouzar
Docteur en Histoire de l’art
Commissaire de l’exposition
Claude Bouiller: une femme d’exception au service des algériennes :
De l’Ashram de Bou-Sâada à la maison des étudiantes d’Alger
Barkahoum Ferhati (anthropologue)
Récupérer et Recadrer les musées algériens pendant les années postindépendance
Caroline Angle Maguire
Présentation d’ouvrage « L’Église et les chrétiens dans l’Algérie indépendante. Études et Témoignages » Jean-Robert Henry et Abderrahmane Moussaoui Karthala, 2020, 490 pages.
Barkahoum Ferhati (anthropologue)
Abderrahmane Moussaoui (anthropologue)
Une équipe composée de chercheurs algériens et français ainsi que d’acteurs religieux analyse l’histoire de l’Église dans l’Algérie indépendante, en privilégiant les dimensions humaines et intellectuelles – voire spirituelles – du processus de sortie de guerre et de reconstruction de la paix. L’Église d’Algérie est un des lieux où ce processus s’est joué depuis soixante ans, dans des circonstances parfois dramatiques. Ont été rencontrés à l’occasion de cette recherche des dizaines de femmes et hommes, religieux ou laïcs, qui ont accepté de témoigner sur l’action accomplie en Algérie au sein de l’Église. Placés face aux mêmes défis, ils sont représentatifs d’une génération plus sensible à la présence, à la rencontre et au dialogue qu’au prosélytisme. Le corpus considérable d’entretiens recueillis constitue le socle d’une recherche d’histoire orale à laquelle la seconde partie de l’ouvrage « Voix et voies » est entièrement consacrée. La première partie dresse le cadre. Elle comporte une série d’études et de documents sur l’Église algérienne contemporaine : son inscription dans une histoire, ses évolutions doctrinales, son action culturelle, son action scolaire jusqu’à la nationalisation de 1976, son rayonnement international, le rapport à l’État algérien. La troisième partie est centrée sur des « Figures » : celles de trois évêques décédés, celles de protestants qui ont travaillé étroitement avec l’Église, et enfin celles des religieuses et religieux que leur assassinat dans les années 1990 puis leur béatification en décembre 2018 à Oran ont fait sortir de l’ombre. La société algérienne a beaucoup changé depuis un demi-siècle ; l’Église algérienne de 2019 n’est plus celle de 1962. Mais tout précaire que soit son avenir, elle reste, comme dit Jean Toussaint, « un laboratoire où s’est inventée [...] une façon d’être chrétien en situation totalement minoritaire ».
Jean-Robert Henry (https://www.iremam.cnrs.fr/node/35) est directeur de recherche honoraire au CNRS, associé à l’IREMAM (CNRS AMU) et Abderrahmane Moussaoui est professeur en anthropologie à l’Université Lyon 2.
Rencontre littéraire « Poésie innée et
dite »
Ahmed Mebarki
Nous nous sommes suggérés à partir d’une illusion sonore, que nous pouvons appeler « Paréiodolie auditive », à « anatomiser », au sens vrai du terme, le vocable inédite en le rapportant à la poésie (au féminin singulier) ; nous y avons décelé deux autres adjectifs d’une ampleur insoupçonnable : « innée » et « dite ». La poésie inédite se vertèbre alors sous un intitulé subtil et révélateur : « La poésie innée et dite ». Ainsi, l’« alchimie poétique » s’opère et prend une tournure à la fois lyrique, esthétique, métaphysique voire mystique.
La poésie est par essence une cosmogonie à elle seule, mouvante et féconde dans la constance. Nous supposons qu’elle est innée dans l’absolu depuis que l’Homme parle et apprécie la dimension du sens des mots, non seulement, mais aussi leurs musicalités, leurs sonorités, leurs prosodies et leurs effets synesthésiques et émotionnels et même cathartiques.
Le vaisseau nourricier de cette genèse ou de cette nativité est révélée par le mot latin « nativus » (étymologie du terme inné), qui n’est autre que la parole poétique ensemençant l’intemporel. Ainsi, « La poésie innée et dite » traduit en filigrane : « Au commencement était la parole poétique ».
Projection - débat
Le Hawfî. Chants et traditions des femmes de Tlemcen
Mourad Yelles
Mourad Yelles, a enseigné les littératures françaises et francophones à l’université d’Alger. Spécialiste de la tradition orale maghrébine, il a publié Le Hawfi.
Poésie féminine et tradition orale au Maghreb (Alger, OPU, 1990) et Les Miroirs de Janus Littératures orales et écritures
postcoloniales (Alger, OPU 2002), Les Fantômes de l’identité. Histoire culturelle et imaginaires algériens (Alger, ANEP, 2004)
ainsi que de nombreuses études en anthropologie culturelle et en littérature comparée. Il est actuellement professeur des universités à l’INALCO en littératures maghrébines et
comparées.
L'écriture romanesque ou comment l’imaginaire conjure le réel pour un monde de valeurs
Ahmed Benzelikha
Ahmed Benzelikha, né à Constantine en 1967, linguiste et financier, spécialiste en communication, diplômé des universités de Constantine et de Montpellier, écrivain, journaliste, enseignant universitaire, cadre supérieur, membre de l'Unesco, conférencier et expert en digital, Ahmed Benzelikha est l'auteur de nombreux livres, dont plusieurs romans, aux thématiques diverses. Son dernier ouvrage est "Les Dupes", paru en 2021, défendant un monde de valeurs face à la déshumanisation
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